Quand un client lui demande de l’emmener au quartier des Liserons, Félix Djata, 49 ans, ne se méfie pas. Ce chauffeur VTC travaille habituellement en région parisienne. “J’étais descendu à Nice parce qu’avec les Jeux olympiques, il y avait moins de travail à Paris.” Ce samedi, il dépose donc son client impasse des Liserons. N’importe qui à Nice vous dirait que cette impasse, située à l’est de la ville, est un coupe-gorge, haut lieu du trafic de stupéfiants. Mais Félix l’ignore. “Je ne connaissais pas du tout ce quartier.”
Pour ressortir après sa dépose, il doit effectuer une marche arrière. Mais, alors qu’il manœuvre sa Lexus, une voiture débouche d’un parking souterrain. “J’ai klaxonné, deux fois, mais les jeunes avaient la musique dans la voiture, ils n’ont pas entendu.” Le VTC est percuté au niveau du pare-chocs. Le chauffeur sort pour aller constater les dégâts. “Je leur ai demandé d’avancer pour qu’on puisse voir, en disant que s’il n’y avait rien on en restait là et que, sinon, on ferait un constat.” Il se voit opposer un refus. “Ils m’ont demandé ce que je faisais là. Puis m’ont dit que je n’avais pas le droit d’entrer dans cette cité. J’ai alors pris mon téléphone pour faire une photo de leur voiture avant qu’ils ne s’en aillent.”
Ce geste, anodin, va tout faire déraper. Selon Félix Djata, un coup de poing s’abat sur son œil gauche, brisant ses lunettes. Il tombe au sol et reçoit des coups de pied. Un assaillant, puis deux, puis trois. L’un va chercher un sabre dans leur véhicule. Il tente d’en donner un coup au chauffeur VTC qui le pare. Il réussit à se relever et se réfugie dans sa voiture. “J’ai appelé le 17, je criais ‘Ils vont me tuer’! Pendant ce temps, ils donnaient des coups de sabre sur ma voiture, des coups de pied, des coups de poing.”
Dans son dépôt de plainte, que Nice-Matin a pu consulter, Félix Djata indique qu’il est resté en ligne avec l’opératrice du 17 jusqu’à ce qu’il se sorte de là, en manœuvrant avec sa voiture pour leur échapper. Mais, selon lui, il a attendu une demi-heure en vain à la sortie de l’impasse des Liserons. “J’ai rappelé le commissariat, l’opératrice m’a dit que la patrouille de police qui devait venir était sur une intervention plus importante. J’ai insisté sur le fait que j’étais en détresse quand je les ai appelés. On m’a assuré que le Bac était venue. Ils auraient pu me rappeler, ils avaient mon numéro…”